Sa fascination pour Porsche, Victoire l’a héritée de son père. Mais elle la vit à sa propre façon, exclusive, ambitieuse, connectée et engagée. Rencontre sous forme de road trip en 718 Cayman GT4.
Victoire… voilà un prénom qui sonne comme une promesse. Et si elle n’a pas encore décroché sa première consécration sur circuit au volant de son Cayman GT4, elle a déjà tout d’une championne dans la façon dont elle aborde la course en Porsche : rigoureuse, exigeante et surtout, passionnée. Victoire Rasse, 22 ans, pourrait être une jeune fille comme les autres mais elle est tombée dans la passion Porsche quand elle était petite. Aujourd’hui, elle fait passer cette passion avant – presque – tout le reste. La preuve, lorsque l’occasion d’essayer le dernier 718 Cayman GT4 s’est présentée, ses cours de marketing n’ont pas longtemps fait le poids. En route pour un road trip entre Bruxelles – où elle habite – et Spa-Francorchamps – où elle passe nombre de ses week-ends – au son du mythique six cylindres boxer…
C’est au petit matin, dans la banlieue de Bruxelles, que Victoire a rendez-vous avec le nouveau 718 Cayman GT4. Un premier contact qui ressemble à un coup de foudre. Elle qui est pourtant habituée à rouler dans son Cayman GT4 (Type 981) et à côtoyer nombre d’autres Porsche d’exception lors des rassemblements du Club Porsche Motorsport, ne peut contenir son enthousiasme. « Elle est magnifique ! J’ai essayé toutes les couleurs sur le configurateur et je trouve que c’est le Jaune Racing qui lui va le mieux. » Car il paraît que ça sert aussi à ça les cours de marketing : à configurer la Porsche de ses rêves entre copines, toutes aussi passionnées que Victoire ! Laquelle ne résiste pas longtemps à l’envie de s’asseoir derrière le volant, de lancer le flat 6 et de prendre la route en direction de Spa.
Les quelques kilomètres parcourus dans le trafic matinal laissent le temps d’évoquer l’origine de sa passion. Victoire et l’automobile, c’est une histoire de famille. « J’ai plein de souvenirs d’enfance dans lesquels on partait en camping-car sur les circuits, avec mon frère, pour suivre mon père qui courait. Avant que ça devienne une vraie passion pour nous, on était déjà des habitués du monde de la course auto. » Bien qu’elle ait baigné dans ce milieu et qu’elle ait, rapidement, été attirée par l’automobile, la jeune fille se souvient avoir senti que son « profil » sortait des standards. « Mon frère et mon père ont toujours été forts dans ce qui touche à l’automobile. Puis mon frère a fait du karting mais cette discipline s'adressait moins aux filles. Alors j’ai fait de l’équitation, ce qui me plaisait aussi beaucoup. »
Mais Victoire n’est pas du genre à se laisser détourner de son objectif, heureusement d’ailleurs parce que sa première expérience de conduite va tourner au cauchemar. « Je suis tombée sur un moniteur d’auto-école qui m’a arnaquée. Il a tout fait pour me faire perdre confiance et m’imposer plus d’heures que nécessaire. Il me disait que j’étais nulle, que je n’y arriverai jamais. Après ça, je n’avais pas du tout envie de conduire, j’avais peur. » Et bien qu’elle ait décroché son permis immédiatement après avoir changé d’auto-école, Victoire n’est plus dans les meilleures conditions pour piloter.
La circulation dense autour de Bruxelles se fluidifie enfin, Victoire enfonce le bouton de l’échappement sport puis l’accélérateur dès que l’horizon se libère : le plein de sensations… Plus tard, son père a joué un rôle clé dans le développement de sa passion. « Mon père a cru en moi et m'a offert l'opportunité de rouler au volant de voitures d'exception. Nous partageons cette passion commune au quotidien et particulièrement lors des week-ends du Club Porsche Motorsport. »
Mais ses débuts sur circuit ne sont pas faciles. « Ma première saison ne m’a pas rendue fière de moi. Je trouvais que j’avais une grande marge de progression et que je ne m’améliorais pas assez vite. La deuxième saison, j’ai gagné beaucoup de temps sur mes chronos et je me suis retrouvée au niveau auquel mon frère était l’année précédente. » Deux saisons durant lesquelles Victoire découvre le Cayman GT4 et travaille son pilotage.
Lors des week-ends de course, Victoire et son frère sont coachés par des pilotes de Blancpain, dont Romain Monti, et débriefent avec eux les données de télémétrie fournies par l'application Porsche Track Precision. Position de l’accélérateur, du frein, angle du volant, g latéraux, sur ou sous-virage, tout est enregistré et accessible sur smartphone. Un outil indispensable pour tout pilote, amateur ou aguerri.
Deux ans de travail qui ont porté leurs fruits puisque Victoire passera, la saison prochaine, sur 911 GT3 Cup. Un nouveau défi pour elle. « J’ai ultra hâte de passer à la Cup, mais je suis aussi stressée. J’ai déjà pu monter en copilote et le frein comme le grip latéral sont vraiment impressionnants. Par rapport au Cayman, elle pivote plus franchement au freinage. J’ai peur de ne pas avoir les réflexes nécessaires au début. Ce sera une saison d’apprentissage et il faut avoir l’humilité de savoir si on est prêt à faire une course car ça ne sert à rien de brûler les étapes. » Un défi de plus qui renforce encore sa motivation et sa soif de progresser, que ce soit en s’entraînant sur simulateur pour compenser le peu de sorties circuit ou en travaillant sa condition physique par trois séances de renforcement musculaire par semaine. À chaque accélération sur l’autoroute qui mène à Spa, un large sourire se dessine sur son visage comme si elle entendait rugir le flat 6 pour la première fois. C’est dans cette passion absolue qu’elle a trouvé la force de se faire une place dans un milieu qui n’était pas forcément prêt à lui accorder. « Je n’ai pas souffert de la place que l’on m’a laissée ou du regard que l’on porte sur une jeune fille qui roule en Porsche parce que je sais ce que je vaux. Mais je pense avoir d'abord quelque chose à prouver à moi-même. J’ai envie de me dire que je peux rouler aussi vite que d’autres, que ce soit des mecs ou des filles, à partir du moment où ils sont rapides. J’ai aussi l’impression de devoir prouver quelque chose à mon père mais tous les enfants ont quelque chose à prouver à leurs parents. »
Le plat pays commence à se vallonner. Les doux reliefs habillés de sapins annoncent l’arrivée dans les Ardennes belges et la sortie de l’autoroute, enfin : il est temps de jauger les progrès réalisés par le 718 Cayman GT4 dernière génération par rapport au 981 qu’elle connaît si bien. « Le Cayman est une voiture extraordinaire, super équilibrée, qui pardonne beaucoup de fautes. J’ai d’ailleurs toujours pensé que c’était un modèle sous-motorisé par rapport au potentiel du châssis. Je suis ravie de voir que dans le nouveau GT4, ça n’est plus le cas ! Je trouve juste que quand je coupe les gaz, il pétarade moins que le 981… Mais le plus gros point négatif de cette voiture, c’est que ça ne soit pas la mienne ! » Le 718 Cayman s’immobilise devant les portes du mythique circuit de Spa-Francorchamps. Un des préférés de Victoire, avec Magny-Cours et Le Castellet. Derrière ces grilles se tient son rêve : devenir pilote et voyager à travers le monde pour tourner sur les plus beaux circuits. Mais avoir un rêve n’empêche pas d’être réaliste. « Je sais que c’est illusoire de croire que l’on peut vivre que du sport auto même si je vais continuer à travailler pour. Parallèlement, je fais une école de marketing et j’espère arriver à lier cette formation avec ma passion, dans l’évènementiel ou la communication. Ou pourquoi pas monter une écurie 100 % féminine pour que les femmes soient plus impliquées et plus prises au sérieux dans le domaine automobile. »
Enfant de la génération Z, Victoire mise aussi sur les réseaux sociaux pour se faire une place. « Dans ce milieu, les contacts sont très importants. J’utilise beaucoup les réseaux sociaux car ça peut être très positif en termes de relationnel. J’essaie de faire des choses sympas et de qualité, axées sur la voiture avec des belles photos mais ça n’est pas forcément récompensé sur les réseaux. Ça m’attriste de voir à quel point il est facile d’avoir de la visibilité quand on est une fille prête à en montrer plus. Cela étant, je préfère largement la communauté que j'attire, qui me suit avant tout par passion pour l'automobile et rien d'autre. »
Il ne lui reste plus qu'à passer sa combinaison et son casque afin de prendre la piste pour assouvir sa passion. Mais avant d’attaquer le raidillon de l’Eau rouge, une dernière question : quel est son idéal automobile ? « Je suis amoureuse du 718 Cayman GT4. C’est une voiture fabuleuse, adaptée à la route comme au circuit, j’adore. Esthétiquement, je trouve que la plus belle voiture jamais dessinée est la 911 GT3 RS Phase 2. Et si je cherche d’une façon plus générale, y compris dans les autres marques, j’ai beau réfléchir… je ne vois que des Porsche ! »