Circuits imprimés
Pilote de circuit talentueux, Anthony Beltoise a gagné de nombreuses courses et imprimé son style dans divers championnats. Mais ses plus belles victoires, c’est au volant de Porsche qu’il les a remportées. À commencer par son premier titre en Porsche Carrera Cup France, il y a 20 ans.
Samedi 15 octobre 2005. Anthony Beltoise passe la ligne d’arrivée du circuit de Nevers Magny-Cours en tête, remportant la saison de la Porsche Carrera Cup France lors de l’avant-dernière course. Vingt ans se sont écoulés depuis cette victoire mais le souvenir reste limpide dans la mémoire du pilote. « J’aurais déjà dû gagner l’année précédente mais, à un point près, j’ai laissé filer le titre. Il faut croire que 2005, c’était mon année », se souvient-il. Fort d’une belle carrière sur les circuits, il garde encore aujourd’hui pour Porsche un attachement particulier. Ses succès au volant des 911 type 996 Cup lui ont ouvert de nombreuses portes, lui permettant de vivre de sa passion du pilotage.
En piste !
Monoplace, Clio V6, PCCF, ELMS… Anthony a une carrière de pilote bien remplie.Bercé par le sport automobile grâce à son père Jean-Pierre Beltoise (86 Grands Prix en Formule 1 de 1966 à 1974), Anthony découvre Porsche par la compétition, au bord des circuits, lors des manches de la Porsche 944 Turbo Cup France. « Mon premier souvenir d’avoir approché une Porsche, c’était la 944 de compétition, fin des années 1980. Mon père a couru quelques saisons dans cette formule monotype à la fin de sa carrière. Dans la vie privée, il a eu beaucoup de voitures de sport, mais, étonnamment, jamais de Porsche. » À cette époque, Anthony commence, lui, à courir en Formule Renault. Comme beaucoup de jeunes pilotes d’alors, il passe par le Volant Elf, formule de promotion idéale pour se faire remarquer. Après avoir remporté la saison 1992, il s’installe dans le baquet d’une monoplace au losange et dispute le championnat de France de Formule Renault. À l’issue de la saison 1996, il se hisse à la seconde place, ce qui le propulse en F3000, antichambre de la Formule 1. Anthony raconte : « À mi-saison, j’ai été contraint d’arrêter faute de budget. Tous mes rêves de monoplace sont tombés à l’eau. Mais je n’ai pas voulu abandonner. Je voulais montrer, non pas que je pouvais faire carrière, mais que j’étais capable de gagner des courses. »
Il se tourne alors vers le Trophée Clio V6, championnat monotype dans lequel c’est le talent du pilote qui fait principalement la différence. Le succès ne se fait pas attendre. Alors qu’il n’avait remporté aucune course en monoplace, il s’impose, dès sa première saison, sur le circuit de Monaco en 1999. « Ça reste un souvenir absolument génial. C’était ma première victoire dans un championnat européen, mais c’est aussi le seul Grand Prix que mon père ait gagné en Formule 1, en 1972 ! » Après trois ans en Trophée Clio V6 et une nouvelle victoire, toujours à Monaco, Anthony passe par le Supertourisme sur les Silhouette et le FFSA GT sur Dodge Viper. « En championnat GT France, il fallait courir avec un pilote amateur, ce qui rendait la victoire compliquée si on n’avait pas l’équipier idéal. J’ai voulu retrouver une formule où je pouvais gagner seul : il n’y avait que la Porsche Carrera Cup qui proposait ça. »
Championnat à part :
Les courses de PCCF sont toujours disputées, mais sans jamais oublier le fair-play.Anthony Beltoise s’engage dans le championnat en 2004. Et ses débuts sont tonitruants : il manque de remporter sa première saison d’un petit point ! « Je ne me souviens pas d’avoir eu besoin d’un temps d’adaptation pour aller vite avec la 996. Je me suis immédiatement senti à l’aise dans cette voiture et, sans une erreur au départ de la dernière course, j’aurais eu mon premier titre en 2004. » C’est partie remise à l’année suivante, avec d’autant plus de mérite que la saison sera très disputée. Lors de la première course à Pau, en nocturne, Anthony Beltoise accroche Jean-Philippe Dayrau, et sa 911 (996) finit avec un train avant détruit. « Plein de teams nous ont aidés pour que je puisse prendre le départ le lendemain. Je me souviens que Jean-Claude Ruffier, pourtant un rival, m’a donné beaucoup de pièces. Je serai toujours reconnaissant à l’équipe de Jérôme Policand qui a fait bosser les mécanos d’arrache-pied toute la nuit. Le lendemain, j’ai pris le départ en dernière position et je suis remonté jusqu’à la troisième place. Il y avait un très bon état d’esprit dans ce championnat. » Anthony Beltoise court cinq saisons en PCCF et remporte encore le titre en 2006 et 2008. Un palmarès qui va lui ouvrir des portes en ELMS, en FFSA GT où il décroche le titre en 2011 et 2012 sur… une 911 type 997 GT3 R en tant que pilote professionnel. C’est aussi grâce à ce palmarès qu’il est recruté par Peugeot pour mettre au point la 908 qui a brillé en endurance de 2007 à 2011, remportant même les 24 Heures du Mans en 2009.
« Gagner trois saisons de Carrera Cup m’a ouvert de nombreuses portes ! »
Anthony Beltoise
À 54 ans, Anthony Beltoise n’est pas rangé des circuits, bien au contraire. Depuis le 1er avril 2024, il a repris la société Beltoise Evolution tout en se séparant de l’activité axée sur la prévention du risque routier et l’écoconduite. Il gère ainsi le circuit Jean-Pierre Beltoise, situé à l’ouest de Paris, et y organise de l’événementiel, allant du stage de pilotage au team building en passant par des trackdays. Il a également une casquette d’essayeur pour l’émission Auto-Moto qui lui offre la chance de tester toutes les dernières nouveautés Porsche. « Mon modèle actuel préféré est la GT3 Touring, c’est une GT3 RS masquée en quelque sorte. Pour ce qui est des électriques, on retrouve l’ADN de la marque dans la conduite. Je me souviens d’avoir roulé en Taycan Turbo S sur circuit : c’est une voiture fantastique mais, trop lourde, elle n’est pas faite pour ce genre d’exercice ». Le pilote non plus n’a pas pris sa retraite puisqu’il court toujours, au volant d’une 911 type 992 Cup, en Ultimate Cup Series. « On peut dire que je retourne à mes premiers amours ! En tout cas, j’ai toujours autant de plaisir à piloter, même si je ne suis pas sûr d’être aussi rapide qu’à l’époque… Peut-être parce que, aujourd’hui, je porte des lunettes ! »