La première de son genre

« La première GT3 était à l’époque la Porsche la plus sportive des routières. »

Walter Röhrl

Lors de cette nouvelle rencontre après près d’un quart de siècle, Walter Röhrl ressent d’intenses émotions.

Ce jour-là, le contingent de véhicules présentés par les invités ne comprend pas moins de sept modèles de GT3 de la première génération dans la rare version Clubsport et dans des couleurs peu répandues comme Bleu Nogaro, Bleu Lapis et Vert Jungle métallisé. « On estime qu’environ 20 % des quelque 1 900 exemplaires de la première édition de la 996 ont été construits dans cette version conçue spécialement pour la course automobile », nous explique Alex Schwaderer, également co-fondateur de FL8WERK. On les reconnaît entre autres à l’absence d’airbags latéraux, à un coupe-circuit de la batterie au niveau du tunnel central ainsi qu’aux sièges baquets Nomex® et à la cage de protection mentionnés précédemment. Une ceinture de sécurité à six points et un extincteur étaient inclus en sortie d’usine. Autre caractéristique invisible de l’extérieur : un volant moteur à masse unique au lieu du volant moteur bi-masse habituel. « Il autorise une réponse plus rapide du moteur lors de l’accélération », indique Schwaderer, avant d’ajouter dans un sourire : « Et est responsable du tremblement caractéristique au point mort. »

« Grâce à ses qualités, elle offre l’expérience de la course, mais elle est aussi parfaitement adaptée au quotidien. Seule Porsche est en mesure de faire ce grand écart. »

Timo Conrad

« Nous apprécions tout particulièrement l’expérience de conduite directe et authentique offerte par la 911 GT3 », s’enthousiasme Cleto Di Paolo, lui aussi co-fondateur de FL8WERK. « Elle est élancée et légère, les caractéristiques du moteur sont parfaitement adaptées à l’utilisation prévue, l’équilibre actif est bien ajusté et l’on obtient une réaction directe avec chaque mouvement du volant. Et en l’absence des systèmes d’assistance actuels, on doit avant tout compter sur ses propres compétences au niveau de la conduite, et c’est exactement ce qui nous plaît ! » Le cercle d’amis du FL8WERK se sent, tout comme la GT3 Clubsport, dans son élément entre une conduite amateure et professionnelle. « Grâce à ses qualités, elle nous offre l’expérience de la course », explique Timo Conrad, « mais dans le même temps, elle est parfaitement adaptée pour le quotidien. Seule Porsche est en mesure de faire ce grand écart. »

Alors qu’à partir de 1997, l’entreprise de Zuffenhausen établit avec la cinquième génération de la 911 Carrera (996), pour la première fois équipée d’un moteur à refroidissement liquide, de nouveaux standards au niveau du confort, de la sécurité et de l’efficience pour les voitures de sport, la GT3 cible résolument les clients amateurs de conduite sportive. La désignation GT3 des modèles fait d’ailleurs référence à la classification pour la course, dans laquelle les différentes versions des moteurs sont utilisées. « Chez Porsche, j’ai à l’époque surtout collaboré avec Roland Kussmaul », se remémore Walter Röhrl qui a lui-même participé à la conception de la GT3. « Sa vision, comme celle des autres ingénieurs impliqués, était limpide : ils voulaient proposer une voiture de course homologuée pour la conduite sur route. » Ce concept d’une 911 encore plus sportive est à l’origine d’une tradition qui perdure chez Porsche et qui n’a jusqu’à ce jour rien perdu en attractivité. Les modèles GT constituent depuis l’avant-garde sportive de chaque nouvelle génération de la 911.

En 1999, une amélioration significative des performances de la GT3, passant de 60 ch (44 kW) à 360 ch (265 kW), un travail minutieux sur le châssis et le renoncement à certains équipements de confort pour obtenir un gain de poids, ont constitué une transition pour la GT3 par rapport aux versions 996 plus routières. Le moteur atmosphérique à refroidissement liquide demeure encore aujourd’hui une caractéristique distinctive de toutes les générations de la GT3, tout comme l’aileron arrière autrefois fixe et désormais rétractable. « Chaque millimètre est conçu pour obtenir des performances optimales », promettait Porsche dans une brochure publicitaire pour la version la plus sportive de sa 911. « Pour la GT3, la forme suit la fonction et la fonction cible le plaisir avec une expérience de conduite directement issue de la course. »

Timo Conrad du FL8WERK entretient également une relation avec l’univers de la course. « J’ai commencé par le karting, puis j’ai piloté dans différentes catégories de formules et aussi en courses de côte », nous raconte-t-il, « mais à un moment, il a fallu que je m’interroge honnêtement sur mes chances de mener une carrière en tant que pilote de course. » Il s’est alors décidé à faire carrière dans l’entreprise de ses parents. 

Il a cependant conservé une prédilection pour les modes de déplacement sportifs et il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’il ait rapidement été séduit par les versions Clubsport de la 911 GT3. Quelques années plus tard, un « modèle de Genève » en Argent Arctique métallisé », comme le surnomme aujourd’hui Timo Conrad, est venu rejoindre son premier modèle en Vert jungle métallisé. « Je l’ai acheté à un particulier dans le sud de l’Allemagne, et initialement, je ne savais rien de son histoire. » Seule la mention du premier propriétaire sur la carte grise m’a fourni un indice : Dr. Ing. h.c. F. Porsche AG. « Il était à présent clair qu’il s’agissait d’une voiture de société », a conclu Conrad, « mais ce n’est que petit à petit que, tel un archéologue, je suis parvenu à découvrir ses origines. » Certains éléments de la construction indiquaient qu’il s’agissait d’un exemplaire de présérie, ce que des recherches ultérieures ont pu confirmer. Les pièces du puzzle commençaient à s’assembler.

« Je connaissais bien entendu les photos de la première mondiale de Genève », se souvient Conrad, « et à un moment, j’ai eu une révélation. » Le premier numéro d’immatriculation immortalisé sur la carte grise S-WR 996 m’a beaucoup aidé. À l’occasion de la célébration d’aujourd’hui, une réplique de la plaque occupe à nouveau l’espace au-dessus du pare-chocs. « Lors d’une manifestation, j’ai directement demandé à Walter Röhrl s’il pouvait s’agir de sa voiture. » Il s’en souvenait encore parfaitement. Selon Timo Conrad, on peut parler d’une « heureuse coïncidence ».

Dès la première sortie, et cela après plus de deux décennies, Walter Röhrl se sent parfaitement à l’aise en s’installant au volant de la GT3 Clubsport. Une rotation de la clé de contact et on perçoit à nouveau la secousse typique du volant moteur à masse unique. Walter Röhrl rit : « Si l’on n’est pas habitué, on peut croire que le moteur cale ». L’ancien champion de rallye partage ses souvenirs : « Nous avons directement établi un record sur la boucle nord du Nürburgring à bord d’une GT3 type 996 : 7 minutes et 56 secondes ! C’était la première fois que je passais sous la barre des huit minutes au volant d’une 911 homologuée pour la route. À cette époque, cette voiture constituait une véritable sensation », résume Walter Röhrl, « et c’est encore vrai aujourd’hui. »