L’art de la publicité

Porsche en France – Portrait de Jean-Pierre Ronzel : personnage aux multiples talents, Jean-Pierre Ronzel a eu une passion automobile : Porsche. Ce photographe et publicitaire iconoclaste a mis sa créativité au service de Sonauto, avant de lancer la revue du Club Porsche. Trajectoire d’un esthète des courbes.

   

Sur papier glacé :

Sur papier glacé :

parmi les premiers membres du Club Porsche de France – c‘est l‘adhérent numéro 11 –, Jean-Pierre Ronzel lance une revue spécialisée qui sera éditée de 1971 à 1990 !

C’est en 1963, année de lancement de la 911, que Jean-Pierre Ronzel a débuté sa collaboration avec Sonauto, alors importateur exclusif de Porsche en France. Certains y verront un hasard, d’autres un signe, pour le photographe, c’est le début d’une aventure qui va lui permettre d’exprimer son talent créatif pour sa marque de cœur. Pendant une quinzaine d’années, il gère l’intégralité du budget publicitaire, de la direction artistique à la production, en passant par l’achat d’espace. Il imprime alors de sa signature esthétique, innovante et décalée, la communication visuelle de Sonauto et participe, à sa manière, à la construction de la notoriété du constructeur de Stuttgart. Passionné insatiable, il lance en 1971 une revue spécialisée dédiée au Club Porsche de France. Quoi qu’il ait entrepris au cours de sa prolifique carrière, Jean-Pierre Ronzel n’a jamais perdu de vue ses trois passions : la photographie, la publicité et Porsche.

Jean-Pierre Ronzel rencontre la publicité dès son plus jeune âge. Après un passage au lycée technique des Arts appliqués de Paris, il poursuit ses études à l’Ecole professionnelle de dessin industriel, dans la branche publicité. 

Il suit notamment les cours dispensés par Max Ponty, maître de l’illustration publicitaire des années 30 à qui l’on doit, entre autres, la célèbre danseuse stylisée du paquet de Gitanes. Après un passage par l’Office de documentation par le film et l’agence de publicité A.B.C., Jean-Pierre Ronzel se lance à son compte. Il n’a que 18 ans. Son premier travail personnel est une photo du parfum Ever After pour Paquin, proposée au Figaro, qui l’accepte. Dans ce cliché s’exprime déjà l’esprit inventif de l’artiste qui réalise la photo du flacon dans l’appartement familial, en filtrant l’éclairage d’une ampoule ordinaire à travers une loupe.

Heureux hasard :

Heureux hasard :

grâce à son succès en création publicitaire, Jean-Pierre Ronzel s’offre une 356 cabriolet qu’il fait entretenir chez Sonauto. C’est là qu’il rencontrera Auguste Veuillet.

Trois ans après, il crée Graphic Photo, sa première agence qui ne fera pas long feu malgré des clients de renom comme Vespa, Colgate-Palmolive ou Pathé-Cinéma. Après un passage chez Boussac, société de textile, pour laquelle il réalise l’une des premières photos de silhouette de femme nue (derrière une vitre de cathédrale donnant l’impression d’un rideau de douche), il part en Allemagne, en quête d’un matériel photographique plus pointu que ce qui se fait en France. À son retour en 1957, il installe son studio et son agence de publicité dans un ancien atelier d’encre d’imprimerie à Levallois-Perret. C’est entre ces murs que l’agence J.P. Ronzel et Cie va participer à renouveler l’iconographie publicitaire, en particulier dans le domaine automobile. Car le style du photographe est novateur, imaginatif, parfois débridé. Grâce à sa maîtrise technique, notamment du grand format, il réalise des clichés qui détonnent et étonnent, sans jamais recourir au photomontage. Il fut ainsi l’un des premiers à photographier des voitures ailleurs que sur le bitume. 

Avant-gardiste :

Avant-gardiste :

reconnu pour sa maîtrise technique, Jean-Pierre Ronzel avait aussi un sens aigu de la mise en scène : cette photo évoque la double victoire de classe de la Carrera 6 au Mans en 1966.

Dès les années 60, Jean-Pierre Ronzel prend en charge le budget publicitaire de Volkswagen. Puis en 1963, c’est au service de Porsche qu’il met son talent. À l’époque, c’est le pilote Auguste Veuillet – dit Toto – qui est à la tête de « Saône Auto », l’importateur exclusif de la marque en France. Les sportives de Stuttgart sont alors principalement connues des amateurs et il faut, pour construire leur notoriété auprès du grand public, une communication accrocheuse. Une mission que va endosser le publicitaire, et ce sans se cantonner à la seule dimension marketing. À cette époque, Auguste Veuillet a l’idée de réunir ses clients au sein du Club Porsche de France. Le photographe en devient un membre actif (il hérite du numéro d’adhérent 11 !) et propose d’éditer une revue spécialisée pour le club dont il est à la fois le directeur artistique et le rédacteur en chef. Lancée en 1971, elle sera éditée jusqu’en 1990 sous différents titres : Club Porsche de France ; Porsche, revue du Club Porsche de France ; Porsche Club ou Magazine Porsche Club. 

Mettant sa créativité au service de la publicité, Jean-Pierre Ronzel est souvent resté dans l’ombre des marques dont il a réinventé l’image. Porsche, Volkswagen et Audi dans l’automobile, Yamaha dans la moto mais aussi Badoit, Ariel, Philips, Ovomaltine, I.B.M., Saint-Gobain, Bonux ou Tupperware, l’artiste a laissé sa patte sur près de 30 ans de création publicitaire. Un héritage dont Christophorus vous présente ici quelques extraits, avant qu’il ne fasse l’objet de futures rétrospectives, le fond de photos de Jean-Pierre Ronzel (1930 – 2015) ayant été cédé au musée de la Publicité (musée des Arts décoratifs) de Paris. 

Mathieu Chevalier
Mathieu Chevalier