Le principe de Kuchler
Porsche Suisse – Portrait : Pendant des décennies, il a été l’un des meilleurs chefs de Suisse. Pour son 70e anniversaire en 2020, Wolfgang Kuchler s’est fait un cadeau : une Porsche 911 Turbo S Argent métallisé GT.
Wolfgang Kuchler nous invite d’abord dans la cuisine de la « Taverne zum Schäfli » à Wigoltingen, en Thurgovie. Il veut nous montrer comment faire de bons spaetzle maison. Le chef prend une louche de pâte jaune, la verse sur une petite planche de bois et, avec une élégante décontraction reposant sur plus de 50 ans d’expérience, il se sert d’une longue spatule pour faire glisser de petits morceaux de pâte de la planche. Les fins spaetzle tombent comme d’épais fils de laine dans l’eau bouillante et quand ils remontent à la surface en petits groupes, Kuchler les sort avec une écumoire.
On peut dire sans exagération que Wolfgang Kuchler est une légende de la haute gastronomie suisse. Souabe de naissance, avec Marlis, sa femme de l’époque, il a ouvert en 1983 la « Taverne zum Schäfli » et en a fait l’un des meilleurs restaurants du pays. Pendant des années, le Gault & Millau lui a attribué 18 points sur 20, mais si ailleurs, seules des brigades de cuisine d’une certaine importance pouvaient assurer un tel niveau d’art culinaire, Kuchler, lui, était seul aux fourneaux.
Jusqu’au jour où Simi, un jeune Srilankais hébergé dans un foyer pour demandeurs d’asile situé à proximité, a frappé à la porte de la cuisine et a demandé du travail. Kuchler lui a donné sa chance, et les deux hommes ont travaillé côte à côte pendant 23 ans. « Nous n’avons jamais eu besoin de parler beaucoup, chacun savait toujours exactement ce qu’il fallait faire », raconte Kuchler.
Après le prélude de la planche à spaetzle, Wolfgang Kuchler nous conduit à son garage en passant par le cœur du village et ses rues pavées, bordées de maisons à colombages vieilles d’environ 400 ans. Derrière la vieille porte de grange en bois se trouve le magnifique cadeau d’anniversaire que s’est offert le restaurateur chevronné. « Quelle joie chaque fois que je me mets au volant ! », déclare Kuchler à propos de sa Porsche 911 Turbo S Argent métallisé GT, modèle 992. Kuchler conduit des 911 depuis des décennies, la liste de ses anciens véhicules est longue et pleine de stars : par exemple, une Turbo de première génération avec transmission à quatre vitesses, ainsi qu’une série de modèles Turbo S plus récents. Dès 1999, dans le numéro 277 de Christophorus, Kuchler pose avec sa Turbo, qui à l’époque était déjà sa cinquième Porsche. La 911 Turbo S d’aujourd’hui vient s’aligner à la longue liste. « Ma première Porsche était une 911 Super Carrera (SC) Rouge Indien », raconte Kuchler. En allant la chercher au garage Porsche de Saint-Gall, il réalisait un rêve d’enfant. Et pour lui, c’était probablement aussi une sorte de consécration.
Il faut dire que le chemin avait été long jusqu’à cette remise des clés. Wolfang Kuchler a grandi dans une ferme de Mannenberg, où il était le plus jeune de sept enfants. À environ 45 minutes de Zuffenhausen, le quotidien était rude et les conditions de vie plus que modestes. « Quand nous sommes devenus plus grands, il n’y avait plus de place pour tout le monde à la maison, alors j’ai dû devenir cuisinier, pour avoir un toit et à manger. » Kuchler a fait sa formation au « Steigenberger Graf Zeppelin », le premier hôtel de Stuttgart. Et parce que tout petit déjà, tout ce qui avait des roues le fascinait, il n’avait jamais cessé de rêver – au bout de la route du succès, pour ainsi dire – d’une Porsche, signe que même en partant de rien, tout était possible.
L’un de ses premiers souvenirs de jeune apprenti est la visite de la reine Élisabeth II à Stuttgart en 1965. « Pour la réception officielle, nous avons râpé des kilos de spaetzle », raconte le grand chef cuisinier en riant. Et aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, lorsqu’il tient fermement le volant en cuir de sa Turbo S, Wolfgang Kuchler rappelle immanquablement une star hollywoodienne particulièrement originale et obstinée : Clint Eastwood. Un peu comme un Clint Eastwood de la cuisine, Kuchler a mis en scène sa vie en suivant systématiquement ses propres principes.
« Je n’ai jamais transigé sur la qualité des produits, j’ai toujours voulu les meilleurs. » Wolfgang Kuchler
« Avec moins, on en fait plus » est l’un de ces principes, et Kuchler l’applique aux formes claires, classiques et éprouvées qui caractérisent une 911 comme il l’a mis en œuvre dans sa cuisine. Et voici comment Kuchler résume un autre de ses principes : « Je n’ai jamais transigé sur la qualité des produits, j’ai toujours voulu les meilleurs. » Kuchler n’a jamais eu de chef célèbre comme maître d’apprentissage ; il a développé tout seul sa signature culinaire, même si l’inspiration lui est parfois venue d’ailleurs.
« Un jour que je travaillais dans un hôtel de Riyad appartenant à la famille royale saoudienne, nous avons reçu une équipe de l’hôtel Crillon de Paris. J’ai regardé attentivement ce qu’ils faisaient ; ça a été une révélation et je me suis dit : ‘C’est comme ça que, moi aussi, je veux cuisiner’. » Pendant deux ans, Kuchler a travaillé au Moyen-Orient et, à son retour, il a repris la vieille maison à colombages de Wigoltingen. À l’époque, le « Schäfli » était une simple taverne où l’on vous servait de la bière Hürlimann ou Haldengut à la pression, accompagnée de schüblig.
Avec moins, on en fait plus
L’un des principes de Wolfgang Kuchler s’applique à la cuisine, mais également aux formes classiques et éprouvées d’une 911.
Mais Wolfgang Kuchler est un homme de principes, et il a ressenti très tôt le besoin d’aller de l’avant. Par exemple, s’il a quitté sa Souabe natale pour s’installer en Suisse, c’est parce qu’il voulait absolument devenir chef cuisinier avec un brevet fédéral suisse. « À l’époque, dans ma profession, c’était ce qu’il y avait de mieux », déclare-t-il. Plus tard, Kuchler a participé à des concours de cuisine et gagné toute une série de prix pour le raffinement de ses chefs-d’œuvre culinaires. Son succès, explique-t-il, il le doit à une certaine intransigeance et à sa dureté envers lui-même.
Au « Schäfli », Wolfgang Kuchler n’a jamais voulu faire une cuisine qui cherche à impressionner par son seul aspect esthétique. Pour lui, l’important, c’était de créer des saveurs qui aillent directement au cœur. Aujourd’hui, les clients demandent encore ses joues de veau braisées au jus brillant, intense et velouté. Pour lui, les ragoûts sont de toute façon le summum de l’art culinaire, « pas besoin d’un chef pour rôtir un filet de bœuf », dit-il laconiquement.
En 2015, Christian, le fils unique de Kuchler, a repris le célèbre restaurant, qu’il dirige maintenant à sa façon, mais avec le même succès que son père. Et les joues de veau cuites pendant des heures, accompagnées d’une chartreuse de carottes et de choux-raves, avec purée de pommes de terre, sont toujours là. Le secret de ce plat, c’est la sauce, qui obéit au principe de Kuchler : « Tout réduire au maximum. »
Désormais, quand Wolfgang Kuchler occupe la cuisine du restaurant, c’est uniquement pour régaler les habitués de ses fameux spaetzle. À part cela, il cultive son amour indéfectible pour tout ce qui a des roues, en particulier les vélos de course et sa Porsche Turbo S, sur laquelle il veille en appliquant un autre de ses principes élémentaires : « Prends soin des choses. » En hiver, le chef retraité remise sa 992, et même s’il lui est déjà arrivé de rouler sur des pistes de course, aujourd’hui, il ne veut pas imposer ce genre d’épreuve à sa nouvelle voiture : « Je tiens trop à elle ! », lance Kuchler, avant de sortir de la cour au son guttural du moteur turbo.
Consommation et émissions
911 Turbo S
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12,3 – 12,0 l/100 km
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278 – 271 g/km