L’ère des fondateurs
Idées et innovation : deux mots qui définissent Porsche depuis sa fondation, voilà exactement 90 ans. Ferdinand Porsche et son équipe développent alors des projets novateurs pour le compte de clients. Porsche Engineering perpétue cette tradition avec succès et développe la voiture connectée intelligente du futur.
CONSOMMATION ET ÉMISSIONS
Porsche Taycan Turbo S
Consommation électrique en cycle mixte : 25,6–24,3 kWh/100 km
Émissions de CO₂ en cycle mixte : 0 g/km
Categorie d’efficacite energetique (Suisse) : A (actualisation 03/2021)
Les données mentionnées dans ce magazine peuvent différer selon les pays. La consommation et les émissions de CO₂ ont été mesurés conformément à la nouvelle procédure WLTP.
Il fallait du courage et de la conviction pour s’établir à son compte en ces temps difficiles. Ferdinand Porsche n’en manquait pas lorsqu’il créa son bureau d’études à Stuttgart pendant la Grande Dépression. Sis au 24 de la Kronenstrasse, le bureau fut inscrit au registre du commerce le 25 avril 1931 sous la dénomination « Dr. Ing. h.c. F. Porsche Gesellschaft mit beschränkter Haftung, Konstruktion und Beratung für Motoren und Fahrzeuge ». Précurseur de l’actuelle Porsche AG, il fut à l’origine du développement de la clientèle Porsche, intégrée depuis 2001 au Porsche Engineering Group GmbH.
Comment le bureau d’études est-il devenu, en l’espace de quelques années, une société de conception indépendante, puis une entreprise de dimension internationale ? Son parcours constitue l’une des plus grandes success stories de l’histoire de l’automobile.
Avant de s’installer à Stuttgart avec sa propre entreprise à l’âge de 55 ans, Ferdinand Porsche est chargé, pendant près d’un quart de siècle, du développement de modèles d’avant-garde chez de grands constructeurs automobiles, dont Daimler-Motoren-Gesellschaft à Stuttgart (devenue Daimler-Benz AG en 1926). Après un court séjour à Steyr en Autriche, il retourne dans la grande métropole de l’automobile souabe et s’entoure, en 1931, de techniciens et d’ingénieurs confirmés, qui comptent parmi les meilleurs de leur temps. Presque tous l’ont suivi depuis ses anciens lieux d’activité, notamment l’ingénieur en chef Karl Rabe, qui deviendra le bras droit de Porsche en qualité de concepteur en chef, l’expert en transmission mécanique, Karl Fröhlich, et l’ingénieur motoriste Josef Kales. Ils sont rejoints plus tard par le designer Erwin Komenda, figure éminente du stylisme automobile, et l’expert motoriste Franz Xaver Reimspiess. Ferry Porsche, le fils de Ferdinand, est aussi de la partie. Enfant, il était déjà fasciné par la créativité de son père : « Il était toujours en quête de nouveaux horizons, dira-t-il plus tard, et créait des automobiles en avance sur leur temps. »
« Il était toujours en quête de nouveaux horizons et créait des automobiles en avance sur leur temps. » Ferry Porsche
Si la reconnaissance est au rendez-vous dès la création du bureau, Ferdinand Porsche doit se battre pour arracher des commandes pendant la crise économique. Parfois, le salaire des 19 employés leur permet tout juste de se nourrir et de se loger. Parmi les premiers clients de l’entreprise figure la firme Wanderer de Chemnitz. L’équipe de Porsche développe pour le constructeur saxon une voiture de classe moyenne, qui sera ensuite produite en série sous le nom de Wanderer W21/22, ainsi qu’un moteur à huit cylindres en ligne. Des commandes d’autres constructeurs pour le développement d’éléments de châssis et de direction vont suivre. Motivée par les idées du fondateur, l’équipe à l’expertise éprouvée couvre toute la gamme de la technologie automobile, ce qui s’avère un avantage incontestable. « Ferdinand Porsche n’était pas un homme de plume et de livres, estime l’historien Wolfram Pyta, mais un technicien porté par la recherche incessante de la solution technique optimale. »
Le grand tournant est amorcé au printemps 1933 lorsque le groupe Auto Union, fondé peu de temps auparavant en Saxe, charge Porsche de concevoir une voiture de course d’un genre nouveau. Des années de discussions ont précédé la commande. C’était le défi le plus ambitieux auquel pouvait s’attaquer un concepteur de voitures. La nouvelle formule Grand Prix limitait le poids à vide des voitures de course à 750 kg, mais ne fixait pratiquement aucune limite technique. Initialement baptisé « P-Rennwagen » – voiture de course P pour Porsche –, le projet s’avère être un coup de génie : la légendaire « Flèche d’argent » d’Auto Union possède un moteur 16 cylindres directement monté derrière le pilote, ce qui assure une répartition optimale du poids. Une conception dont le succès en compétition s’est perpétué jusqu’à nos jours. Le sport automobile « a jeté les bases de l’essor fulgurant » de l’entreprise, note l’historien Wolfram Pyta. L’importance de cette commande dans l’histoire de la société « ne saurait être sous-estimée ». Aujourd’hui encore, le sport automobile fait partie de l’essence même de la marque Porsche.
Un deuxième projet, lui aussi cher au cœur du concepteur visionnaire, joue un rôle majeur dans l’évolution de l’entreprise. Fin 1932, le bureau travaille au développement de la petite voiture Type 12 pour le compte du constructeur de motos Zündapp. Cette tâche offre à Porsche l’opportunité d’approfondir un sujet qui la préoccupe depuis de nombreuses années : au début des années 1920, elle avait déjà conçu une voiture compacte et rêvait d’un petit modèle léger et abordable pour le plus grand nombre. Celui-ci devait être spacieux, confortable et suffisamment motorisé. Avec son moteur arrière et sa carrosserie aérodynamique, la Type 12 commandée par Zündapp apparaît aujourd’hui comme l’ancêtre de la Volkswagen, qui connaîtra ses heures de gloire sous l’appellation de Coccinelle. Dans un contexte de dépression économique, le constructeur de motos renonce toutefois à la produire en série. Un peu plus tard, les concepteurs Porsche développent, avec la Type 32, une automobile similaire pour le constructeur de véhicules à moteur, NSU.
Le projet est repris en 1934, lorsque Porsche est chargée par le Reichsverband der Deutschen Automobilindustrie (Union de l’industrie automobile) de concevoir et construire une « Volkswagen », littéralement une « voiture du peuple ». Le concept prévoit une carrosserie moderne et aérodynamique avec quatre sièges et un moteur boxer 4 cylindres à l’arrière. Appliqué à la Coccinelle, une voiture vendue à des millions d’exemplaires, ce principe de motorisation est devenu un modèle pour les sportives Porsche.
Avec la commande de la Volkswagen, le bureau d’études, qui travaillait principalement sur la planche à dessin, devient alors centre de développement et d’essais. Les premiers prototypes voient le jour dans le garage de la propriété Porsche située sur le Killesberg de Stuttgart, mais l’espace vient bientôt à manquer. En mai 1937, la société acquiert une surface de quelque trois hectares dans le quartier de Zuffenhausen à Stuttgart et y construit sa première usine.
Une décennie plus tard, ce lieu verra naître la Porsche 356, la première voiture de sport à porter le nom de la famille. Les développements pour le compte de clients sont restés par la suite l’un des principaux piliers du succès de l’entreprise.
En 1961, Ferry Porsche pose la première pierre du Centre d’essais de Weissach. Initialement utilisé pour tester les châssis, le Centre se voit adjoindre au fil des ans des installations d’essai, notamment une soufflerie, des installations de crash test, des bancs d’essai de moteurs et des centres d’essai des systèmes d’échappement. L’entreprise continue aujourd’hui d’utiliser ces installations pour les commandes les plus exigeantes de ses clients, et pas seulement du secteur automobile.
En 1981, Porsche développe avec le constructeur aéronautique Airbus une configuration d’avant-garde pour le cockpit des avions de ligne. Des moniteurs remplacent pour la première fois les instruments analogiques. En 1983, les ingénieurs de Porsche reçoivent une commande particulièrement spectaculaire de la part de l’écurie britannique McLaren, qui souhaite un moteur de Formule 1. D’une cylindrée de 1,5 l et d’une puissance pouvant aller jusqu’à 1 000 ch, le moteur TAG Turbo de la McLaren MP4 permettra au client de remporter trois titres de champion du monde. Le prototype C88, projet de véhicule populaire pour le marché chinois, est également visionnaire. En 1994, Porsche présente le modèle à Pékin en trois versions : une variante deux portes à bas prix, un modèle standard et une berline de luxe quatre-portes tricorps. Les objectifs de développement sont plus que familiers pour la marque : des méthodes de fabrication simples, des normes de qualité élevées et une grande sécurité des véhicules.
La holding Porsche Engineering Group GmbH est fondée en 2001. Elle établit son siège au Centre de développement de Weissach. Les ingénieurs qui y travaillent ne cessent de surprendre par leurs projets innovants. Le petit bureau d’études qui a fait ses premiers pas à Stuttgart poursuit aujourd’hui ses activités à grande échelle. Avec ses 1 700 collaborateurs employés en Allemagne, en République tchèque, en Roumanie, en Italie et en Chine, Porsche Engineering s’affirme comme l’un des prestataires de services d’ingénierie les plus réputés et les plus polyvalents. Parmi ses clients figurent les marques du groupe Volkswagen et d’autres constructeurs automobiles, mais aussi des équipementiers et des entreprises d’autres secteurs. Son expertise, qui dépasse depuis longtemps les frontières du développement automobile, intègre désormais les dernières évolutions fonctionnelles et logicielles ainsi que d’autres aspects du numérique. Ses compétences vont de la conception à la production, en passant par le développement, la construction de prototypes, les essais, la planification de la production, les achats et la logistique. La durabilité, l’écologie et l’efficience sont au cœur de son activité : une tradition qui reste une promesse de succès depuis 90 ans.