Focalisé
La précision et la concentration sont des qualités communes aux pilotes et aux photographes. André Lotterer joue sur les deux tableaux. Sa passion pour la course automobile n’a d’égale que son goût pour la photographie. Le triple vainqueur du Mans est l’un des deux pilotes de la nouvelle écurie de Formule E TAG Heuer Porsche. André Lotterer se dévoile en photos.
« La qualité d’un pilote se mesure à l’aune de son dernier virage. » André Lotterer
Il ouvre la fenêtre côté passager, déboîte pour dépasser un cycliste sur la route en lacets et lance quelques encouragements : « Allez, allez ! » André Lotterer poursuit son ascension sur sa route préférée des Alpes-Maritimes. Il arrête la Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid sur le bas-côté pour prendre un cliché : au premier plan, la sportive avec sa robe Craie et ses étriers de frein en Vert Acide ; en toile de fond, la chatoyante Principauté de Monaco, patrie d’adoption du pilote de 38 ans.
Deux ans après avoir piloté la 919 Hybrid avec l’équipe d’usine de la marque au Championnat du monde d’endurance de la FIA (WEC), André Lotterer retourne dans le giron de Porsche.
Après deux saisons en Championnat ABB de Formule E de la FIA avec l’équipe Techeetah, il défend désormais les couleurs de Porsche en duo avec une vieille connaissance : le Suisse Neel Jani, avec qui il a partagé le volant de la 919 Hybrid.
« De toutes les compétitions auxquelles j’ai participé, la Formule E est pour moi la plus difficile », estime le natif de Duisbourg, qui compte déjà plusieurs saisons de championnat tout électrique à son actif. « Les circuits urbains sont très étroits et difficiles à négocier, ce qui rend les dépassements assez spectaculaires. » Sans compter les différentes qualités de revêtement, avec les aspérités et la poussière sur la chaussée. « On a beau s'entraîner intensément sur simulateur pour faire face à toutes les éventualités et s’évertuer à perfectionner la programmation de la voiture, tout se décide sur une seule journée : les essais se déroulent dans la matinée, les qualifications à la mi-journée et la course dans l’après-midi. Il faut donc rester extrêmement concentré », explique le triple vainqueur des 24 Heures du Mans. « Ce championnat est le banc d’essai par excellence pour toutes les innovations dans l’électromobilité. Ce championnat mise sur la durabilité, attire un public familial et propose un spectacle passionnant. Ça me plaît énormément. Pour moi, c’est l’avenir. »
« Je suis aussi exigeant et perfectionniste avec un appareil photo qu’au volant. » André Lotterer
André Lotterer gare la Panamera et descend de la voiture. Chemise bleu clair, jean foncé, chaussures de sport blanches et lunettes de soleil d’aviateur à effet miroir : du haut de son mètre quatre-vingt-quatre, le pilote tient dans la main gauche son Leica M6 de 1984. Il regarde dans le viseur de l’appareil argentique, recule de quelques pas et ajuste la focale sur la Panamera. À 13 ans, André Lotterer reçoit de son père, passionné de photographie, son premier appareil, un Minolta. Depuis, il a l’œil sur l’objectif et le doigt sur le déclencheur. Le numérique et les cartes mémoires ne sont pas sa tasse de thé ; il préfère les pellicules, qu’il fait développer en laboratoire. « Les photos argentiques sont plus vivantes et racontent des histoires passionnantes. Elles sont à la fois intemporelles et authentiques », explique-t-il en rangeant son appareil. André Lotterer reprend la route en direction de Fontvieille, le quartier sud de Monaco où il habite depuis 2011.
Quelques heures plus tôt, dans son appartement du huitième étage, André Lotterer avait participé à une séance de yoga avec des amis, sous la direction de sa compagne japonaise Takako, âgée de 33 ans. Le pilote a rencontré la consultante en branding en 2014 au Japon. Depuis, le couple et leur labrador Max vivent entre Monaco et la Belgique. Installé à Tokyo de 2003 à 2018, André Lotterer s’est fait un nom en championnat Super GT et en Super Formula, alors appelée Formula Nippon : « Les Japonais m’ont accueilli à bras ouverts. J’ai passé de très belles années dans ce pays, entouré de gens francs et courtois. »
« C’est ce mélange de technique et de précision qui me fascine dans la photographie. » André Lotterer
En photographie comme en compétition automobile, il faut savoir se focaliser sur l’objectif. Le père d’André Lotterer, d’origine péruvienne, le lui a appris très tôt : « Plus tu vois la cible à atteindre avec précision, plus vite tu arriveras au but. » André Lotterer est encore très jeune quand son père entreprend de monter une équipe de course en Belgique. À l’âge de cinq ans, le petit André décide de devenir pilote de course. Deux ans plus tard, son père l’autorise à conduire un kart. À huit ans, il remporte sa première course. « Mon père m’a dit : ‹ Si tu veux vraiment faire ce métier, ne le fais pas à moitié, vas-y à fond. La course automobile, c’est cher. Si on se lance aujourd’hui, on va jusqu’en Formule 1 › », raconte André Lotterer. En 2009, son père s’éteint des suites d’un cancer. « Nous avons vraiment pu prendre le temps de faire nos adieux. Je m’estime heureux d’avoir eu cette opportunité. »
André Lotterer n’a pas déçu son père : il devient pilote d’essai en Formule 1 en 2002 et fait ses débuts en compétition en 2014 à Spa. Son père lui a appris à toujours placer la barre très haut, « car on peut toujours faire mieux. Il faut sans cesse se perfectionner. L’autocritique est aussi importante que la confiance en soi. » C’est l’une des raisons pour lesquelles Ayrton Senna et Jacky Ickx sont ses modèles. Il y a 30 ans, son casque de kart était orné d’un dessin représentant le pilote brésilien. Quant au champion belge, il est pour André Lotterer une légende vivante. Récemment, il a même décoré l’un de ses casques d’une bande blanche sur la partie inférieure, en hommage au casque du mythique pilote de 74 ans. Lorsqu’il l’a rencontré il y a peu sur le circuit de Laguna Seca, il a posé pour une photo à ses côtés. André Lotterer a ensuite posté le cliché en noir et blanc sur Instagram avec pour légende : #jackyickx. Tout est dit.
SideKICK: Réseaux sociaux
Retrouvez André Lotterer sur Instagram :
@andre_lotterer et @leicapilot.
Avant la course, André Lotterer aime prendre du temps pour lui et pour sa passion. « Souvent, j’arrive quelques jours avant le départ pour pouvoir capturer de beaux moments. La photographie, c’est l’idéal pour moi, ça me permet de déconnecter, de tout oublier, de me remettre du décalage horaire et de me vider la tête. » Parfois, il aime à prendre la route au volant de l’une de ses quatre Porsche de collection. Il emporte ses appareils photo avec lui et photographie sa voiture. C’est ce mélange de technique et de précision qui le fascine dans la photographie. Ce n’est pas sans lui rappeler la compétition automobile : « Je suis aussi exigeant et perfectionniste avec un appareil photo que lorsque je prends le volant. Une photo n’est jamais vraiment parfaite pour moi, j’essaie toujours d’en prendre une meilleure. C’est pareil avec un virage. Il y a toujours une marge de progression, car un virage n’est jamais parfait à 100 %. » Une exigence de tous les instants : voilà bien ce qui caractérise André Lotterer.
SideKICK : Formele E 2019 / 2020
La saison commence le week-end du 22/23 novembre avec deux courses à Dariya, aux portes de Riyad, en Arabie saoudite. Elle se clôturera également sur une double épreuve, qui se déroulera le week-end du 25/26 juillet à Londres. Au total, André Lotterer participera à 14 courses avec la nouvelle 99X Electric du team TAG Heuer Porsche. Les épreuves se dérouleront notamment à Santiago, Mexico, Jakarta, Rome, Paris, Séoul, Berlin et New York.
Pour en savoir plus
Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid
Consommation de carburant
en cycle mixte : 3,3 l/100 km
Consommation électrique
en cycle mixte : 16,0 kWh/100 km
Émissions de CO2 en cycle mixte : 74 g/km
Classe énergétique : A+ · Suisse : E