Magnus WALKER

Magnus Walker a attrapé le virus Porsche dès l’enfance. À l’époque, la 911 n'était qu'un rêve lointain. Aujourd’hui, sa collection est l’une des plus riches au monde. À l’occasion de son cinquantième anniversaire, il publie son autobiographie, Urban Outlaw.

Porsche 911 GT3
Émissions de CO2 (cycle mixte) : 290–288 g/km
Consommation en cycle mixte : 12,9–12,7 l/100 km
Classe énergétique : G (actualisation 2017)

Magnus Walker est un porschiste version cool. Mais il n’est pas pour autant de ceux qui passent leur temps à travailler inlassablement leur look. Bien au contraire : ses dreadlocks, ses jeans déchirés et ses tatouages sur les avant-bras sont simplement les marques d’une vie menée tambour battant, la vie d’un homme qui porte sur le visage le refus de la banalité et des conventions. Car comme il le dit lui-même : « Si tout le monde aime ton look, c’est que tu fais fausse route. »

Passionné d’automobile et créateur de mode emblématique, Magnus Walker conserve dans un hangar rénové de Los Angeles l’une des collections Porsche les plus extraordinaires au monde. Dans son autobiographie Urban Outlaw, il retrace son parcours, depuis la grisaille de la cité ouvrière anglaise de Sheffield jusqu’aux rivages lumineux de Californie. Les mémoires de Magnus Walker sont fidèles au credo de son auteur : vivre à fond. Elles donnent également au lecteur des pistes pour continuer à jouir du plaisir de la conduite à l’ère des embouteillages et des routes engorgées. C’est d’ailleurs la première règle d’Urban Outlaw : « Chaque jour est une course, ne serait-ce que contre soi-même. »

Aux commandes

Aux commandes

Magnus Walker dans l’une de ses quelque 40 Porsche 911.

Magnus WALKER

« Une voiture est faite pour rouler. »

La voix de Magnus Walker s’adoucit quand il évoque sa première rencontre avec la Porsche 911, dans son argot West Coast mâtiné d’inflexions britanniques. En 1977, alors qu’il accompagne son père au Salon de l’automobile de Londres à Earl’s Court, il a le coup de foudre pour une 911 à rayures bleues et rouges : « J’ai tout de suite su que j’avais trouvé la voiture de mes rêves. » À l’époque, les routes de Sheffield n’étaient peuplées que de camions, de tracteurs et autres véhicules utilitaires. « Je n’avais jamais vu une voiture de sport là-bas », se souvient-il. Il se rappelle également des courses de Formule 1 à la télévision, de ces heures passées avec son père à encourager les gloires de l’école de pilotage britannique, notamment James Hunt. C’est le début de sa passion pour le sport automobile : « La course était pour moi une affaire de liberté, d’individualité. » Conduire à Sheffield, en revanche, n’attire pas spécialement Magnus Walker : le jeune homme n’obtient son permis de conduire qu’à l’âge de 21 ans, à Los Angeles. Quatre ans plus tard, il acquiert sa première Porsche 911 pour 7 500 dollars. Aujourd’hui encore, le collectionneur considère cette acquisition comme un « formidable succès sur le plan personnel ».

Pour expliquer la trajectoire hors norme de Magnus Walker, il faut remonter à la source, à la grisaille de Sheffield. Adolescent, il abandonne l’école en 1982 puis s’envole quelques années plus tard pour un job d’été aux États-Unis. Il décide alors de s’installer en Californie, fermement décidé à réaliser ses rêves. « L’idée même de devoir revenir en Angleterre sans avoir réussi m’était proprement insupportable », raconte-t-il. C’est ainsi que Magnus Walker commence par vendre des articles de mode au style punk à Venice Beach avant de se lancer dans l’immobilier avec sa compagne Karen. Et comme le rappelle la deuxième règle d’Urban Outlaw : « Quand tu sens bien les choses, lance-toi ! »

Ce principe est également au cœur de ce qui fait de Magnus Walker un collectionneur hors norme. Au fil des ans, il a enrichi sa collection de dizaines de modèles. Aujourd’hui, il estime que sa collection compte une quarantaine de Porsche. En règle générale, il achète des modèles fatigués, parfois bons pour la casse, avant de les transformer en pièces uniques dans le plus pur style Magnus Walker, avec un goût assuré et une certaine propension ludique, essayant à chaque fois de recréer son rêve d’enfant : la voiture de sport idéale. Cependant, ces 911 sont loin d’être choyées comme des pièces de musée. Au contraire, Magnus Walker n’a rien contre les éraflures et les signes de vie. Son credo ? « Une voiture est faite pour rouler », et tant pis si ça se voit. Selon Magnus Walker, cette collection est aussi le fruit de sa curiosité insatiable et de sa soif d’apprendre : « Avoir un exemplaire témoignant de chaque étape du développement de la 911 à travers les années permet de comprendre son évolution. » C’est la raison pour laquelle il ne se sépare que rarement de l’une de ses 911. Il y a quelque temps, une 911 STR II signée Magnus Walker et ayant fait la couverture du journal Road & Track a été acquise pour plus de 300 000 dollars par l’industriel Bob Ingram, autre collectionneur Porsche de renom, faisant ainsi écho à la troisième règle d’Urban Outlaw : « Fais affaire uniquement avec ceux qui partagent ta passion. »

Quartier général

Quartier général

Magnus Walker conserve ses Porsche 911 dans un hangar rénové du centre-ville de Los Angeles.

En juillet dernier, l’outlaw Magnus Walker a soufflé sa cinquantième bougie. Sa barbe et ses dreadlocks sont aujourd’hui parsemées d’argent. Après toutes ces années, il ressent le besoin de lever le pied et de prendre davantage le temps de s’arrêter, de prendre du recul. Il évoque une « phase contemplative », des mots surprenants de la part d’un personnage tel que Magnus Walker, mais qui trouvent leur origine dans une triste réalité. Depuis la disparition de sa compagne il y a deux ans, Magnus Walker cherche un nouveau sens à sa vie. Il sait déjà ce dont il ne veut pas : s’acheter une résidence secondaire, pratiquer le golf, participer à des stages d’œnologie – tout ce que désire normalement un homme de cinquante ans ayant réussi dans la vie. « Je n’étais pas du genre à faire ce qu’on attendait de moi étant jeune, et je n’ai pas changé », confie Magnus Walker. Dès lors, la règle ultime d’Urban Outlaw prend tout son sens : « Pour ceux qui se jouent des conventions, tout est possible. »

« Pour ceux qui se jouent des conventions, tout est possible. » Magnus WALKER
Urban Outlaw

Urban Outlaw

Dirt Don’t Slow You Down, Bantam Press, 272 pages.

Désormais, Magnus Walker fréquente moins son garage ou les locaux de son entreprise : il se contente d’échanger avec ses collaborateurs chaque fois que nécessaire. « Je n’ai plus envie de développer mon business. Je veux découvrir des choses entièrement nouvelles », déclare-t-il. Il évoque son séjour estival en République dominicaine, où il a sillonné les routes cahoteuses des Caraïbes à bord d’une Porsche 911 GT3. « Là-bas, tu ne sais jamais ce qui t’attend au tournant », raconte-t-il. « Chaque centimètre de route est une aventure. » Cela ne l’a pas empêché d’y déployer la formidable accélération de la voiture et de vivre des instants de pur bonheur. Le soir venu, quand il s’installait avec ses amis sous le pont d’une autoroute pour boire une bière, il pouvait ressentir au plus profond de son être les vibrations de la route. Ce sont ces expériences qui le poussent à continuer, à rester en mouvement. « La grande question, c’est de savoir où notre route nous emmène », avise Magnus Walker. La sienne est déjà toute tracée : le collectionneur ambitionne de parcourir la mythique Panaméricaine au volant d’une 911.

Tobias Moorstedt
Tobias Moorstedt