Porsche, version grande évasion
Porsche en France – L’aventure en Porsche : Combien de marques ont remporté 19 fois les 24 Heures du Mans et 2 fois le Dakar ? Une seule. Porsche porte dans son ADN les gènes du sport, mais aussi ceux de l’aventure. Une philosophie que les clients aussi mettent un point d’honneur à faire vivre. Portraits d’aventuriers.
Philippe Delaporte
Le tour du monde en 928
Dans la gamme Porsche, la 928 n’est a priori pas le modèle qui vient immédiatement à l’esprit pour partir à l’aventure. Ça n’est pas l’avis de Philippe Delaporte qui a fait de la voiture de l’année 1978 la fidèle compagne de ses voyages. « Je garde un souvenir impérissable du périple d’André Costa, rédacteur en chef à L’Auto-Journal, qui avait relié Kaboul en Citroën GS. Je voulais donc voyager avec une routière. Le choix était simple, j’avais soit une Jaguar Mk II, soit une Porsche 928 ! »
En 2011, Philippe se lance dans sa première aventure, accompagné de son fils Baudouin. L’objectif est alors de parcourir la célèbre route de la soie, c’est-à-dire 24 000 km en Asie centrale, en passant par 27 pays. « La 928 avait la réputation d’avoir une mécanique peu fiable, mais le problème venait à mon avis des clients qui ne réalisaient pas l’entretien. Car je n’ai eu aucun souci mécanique ». La voiture était préparée pour le périple, mais de façon relativement légère : garde au sol augmentée de 5 cm, blindage en alu de 8 mm protégeant le moteur, grilles sur les phares et trains de pneus mixtes (M+S). Il fallait aussi emmener deux roues de secours, une dans le coffre et l’autre sur le toit. Enfin, un deuxième manomètre de température d’eau a été ajouté ainsi qu’une commande forcée de ventilateur.
Cette première aventure donne des idées à Thibault, le deuxième fils de Philippe qui, 4 ans plus tard, lui demande de partir avec lui.
Carte dépliée devant eux, ils s’arrêtent d’abord sur Vladivostok avant de s’apercevoir qu’un ferry fait la liaison, une fois par semaine, pour le Japon. Le Paris-Vladivostok se transforme en Paris-Tokyo. Et quitte à être au Japon, autant revenir… par les États-Unis ! Une perspective de tour du monde qui décide Baudouin à se joindre aussi au voyage.
Après 3 mois et près de 35 000 km parcourus, la 928 a bouclé son tour du monde sans avarie majeure. « On a juste tapé fort un ralentisseur en Sibérie. Il a fallu changer la pompe à essence, mais, en la démontant, le tube en fer s’est coupé. Un gars en mobylette s’est arrêté et a fait l’aller-retour au village voisin pour le faire ressouder ». Un voyage riche en découvertes, mais aussi en rencontres, facilitées par la 928. « C’est une voiture qui a un énorme capital sympathie et les gens venaient nous voir spontanément. Sans compter la communauté Porsche qui suivait nos aventures sur les réseaux et nous attendait à chaque étape ».
Depuis cette aventure, la 928 est repartie faire le tour de l’Islande. 5 000 km sur ce caillou aux airs de bout du monde avec, là encore, des rencontres inattendues. « Le président du club Porsche Classic d’Islande m’a dit que le photographe Stefan Bogner, dont on ne compte plus les livres dédiés à Porsche, était sur place ! On a réussi à se voir et il a fait des photos incroyables de la 928. » Lorsqu’on goutte au voyage et à la liberté, il est difficile de poser ses bagages. Philippe Delaporte ne manque pas de projets… ambitieux. « En 2027, ce sera les 50 ans de la 928. J’aimerais qu’elle ait traversé 50 pays et roulé sur les 5 continents. Il me reste donc l’Afrique à faire, et l’Océanie ». Mais ça, c’est une autre histoire.
Eric et Sylvie Eimberk
Du camion 12 tonnes au Cayenne
L’aventure, pour Eric Eimberk, c’est un héritage familial. « Quand j’étais petit, mes parents m’ont emmené dans un road-trip en 4L et caravane pliante du cap Nord jusqu’au Maroc. Quant à Sylvie, elle allait régulièrement en Corse en caravane avec ses parents. » Un amour partagé pour les voyages qui leur donne des ailes. « Pour notre voyage de noces, on est partis en Corse. On y est restés 3 ans ! »
Mais tout démarre vraiment en 2012 lorsqu’Eric et Sylvie vendent leur maison et partent vivre sur un bateau, en Méditerranée, pendant 7 ans. De retour sur la terre ferme, le bateau est vendu pour financer l’achat d’un camion d’expédition pour voyager bien sûr, mais aussi pour vivre dedans. C’est à cette époque qu’ils se lancent sur les réseaux sociaux, sous le pseudo @big_titou, le surnom de leur camion. Un compagnon d’évasion qui devait les amener jusqu’en Mongolie avant que le Covid et la fermeture de la frontière avec la Russie n’en décident autrement. En 3 ans, ils parcourent malgré tout 18 pays et plus de 36 000 km.
« On s’est rendu compte qu’on ne faisait presque pas de 4×4 avec le camion. On a décidé de le vendre pour acheter une Airstream. » Après 7 500 km en 15 jours aux États-Unis, Eric et Sylvie trouvent leur bonheur : Big alu prend la relève de Big titou. Elle leur permet de sillonner l’Espagne, le Portugal et une bonne partie de la France. Mais la consommation solide et la hausse du prix du carburant poussent le couple à chercher un autre véhicule.
« Notre fils nous a envoyé une photo, depuis les États-Unis, d’un monsieur qui vivait dans son Porsche Cayenne. C’est Harrison Schoen, un ancien Marines très connu. » Comme à leur habitude, ils cherchent… loin et trouvent un Cayenne GTS à Stockholm qu’ils ramènent en France. « On a monté une tente de toit en s’inspirant de ce que l’on voyait sur internet. Et on est partis au Maroc ». Enchantés par leur premier road-trip en 2023, Eric et Sylvie y sont retournés en ce début d’année, partageant toujours leurs aventures sur Instagram et leur chaîne YouTube. « Quand on a dit sur les réseaux qu’on allait faire le Maroc en Cayenne, beaucoup d’abonnés ont écrit que ça n’était pas un véhicule fait pour ça, que c’était un 4×4 pour les Champs-Elysées. On leur a prouvé que c’était totalement faux, le Cayenne est un véhicule extraordinaire. D’ailleurs, les marocains le surnomment le dromadaire ! »
Le Cayenne GTS d’Eric et Sylvie est entièrement d’origine (V8 atmosphérique sans suspensions pneumatiques), les seules modifications ayant porté sur une ligne Akrapovic, un protège carter et une monte pneumatique adaptée. Lorsqu’on leur demande s’ils ont eu des soucis mécaniques : « oui, une ampoule de feux de position grillée ! » Aujourd’hui fidèles à la marque, Eric et Sylvie sont venus vers Porsche sur le tard. « On a eu à peu près 35 voitures de sport, surtout des Lotus. Il y a deux ans, un ami a acheté une 996 Carrera 4 et nous a emmenés faire un tour. On a littéralement craqué. » Eric se met alors en quête d’une 911. Il va dénicher une 996 Turbo Ruff en… Suède ! On ne se refait pas.
Maxime Lecluse
Dormir sur le toit d’une GT2
Si vous n’avez jamais croisé la « GT2 Camper » sur la route, vous l’avez forcément vue sur les réseaux sociaux. Cette 911 GT2 de 2008, carrosserie vert camouflage avec une tente sur le toit, n’est pas une série spéciale… c’est celle de Maxime Lecluse, plus connu sous le pseudo @lem_911.
Accompagné de son complice de toujours Armand Maertens (@amaertens), il sillonne les routes d’Europe dans un seul but : faire des rencontres. « Quand je pars, j’ai plus ou moins une destination en tête mais, comme je n’ai pas de souci de savoir où je dors, peu importe. Ce qui m’intéresse, c’est de rencontrer d’autres passionnés ». Cette envie d’évasion et de partage est, pour Maxime, une façon de couper avec un métier ultra-prenant dans la restauration. « Quand je suis au volant, je ne pense à rien d’autre. Rencontrer de nouvelles personnes, découvrir de nouvelles routes, ça me permet de totalement déconnecter. » Avant de se lancer dans un road-trip, Maxime cherche des contacts chez ses followers ou dans la communauté Porsche. Pour lui, c’est le meilleur moyen de découvrir les plus belles routes et les adresses incontournables d’une région ou d’un pays. Des rencontres qui, parfois, créent de belles surprises. « Dans le sud de la France, j’ai été accueilli pendant deux jours chez un Porschiste juste parce qu’il avait la même 911 ST de 1970 que moi ! »
Contrairement à ce que pourrait laisser croire sa passion, Maxime n’est pas tombé dedans quand il était petit, même si son père a toujours possédé des Porsche. Ça n’est qu’à 18 ans, en prenant le volant de la 911 de son père, qu’il a le déclic.
« Je me suis rendu compte que conduire une Porsche ne ressemblait à rien d’autre. Mon père m’a donné des livres, m’a montré des vidéos, et je suis devenu Porsche à fond ! » À deux, ils se mettent à la recherche d’une GT2 ou d’une GT3 et tombent sur une annonce à Monaco. « On décide d’y aller mais quand on le dit au vendeur, il nous précise que la voiture n’est pas noire comme sur l’annonce mais verte. Il n’osait pas mettre la vraie photo ! Quand je l’ai vue, après 11 heures de route, je me suis dit qu’elle était parfaite ». La couleur, aujourd’hui si symbolique de sa 911, est donc le simple fruit du hasard !
Et question hasard qui fait bien les choses, Maxime est plutôt chanceux. « Un jour, j’ai reçu un concours pour gagner une tente de toit. J’ai regardé sur la GT2, il y avait les fixations ! À l’époque, c’était le même toit sur tous les modèles, de la Carrera à la GT3 Cup ! Je n’ai pas gagné, mais essayé la tente de toit et j’ai adoré. Ça me permet de dormir où je veux, même sur un circuit. Au Mans Classic, l’échelle était à 5 cm d’un vibreur. On avait des Porsche 906 et des Ford GT40 qui passaient à deux mètres de nous pendant trois jours ! »
Parmi les belles anecdotes, il y a celle vécue l’année dernière au Pays de Galles. Maxime est alors perdu au fin fond de la lande, sans le moindre réseau. Chaque tentative dans une direction se solde par un cul-de-sac ou une route qui se transforme en chemin. « On a fini par s’arrêter à un croisement pour attendre qu’un villageois passe. Arrive un cycliste belge, comme moi, qui parle français ! Il a son GPS d’entraînement et nous dit de le suivre. On a fait 1 heure de petites routes à 15 km/h derrière lui ! » Après avoir sillonné les Pays-Bas, l’Angleterre, le Pays de Galles, le sud de la France, l’Italie, l’Allemagne, Maxime prépare un road-trip aux États-Unis. Mais cette fois, ce sera en Cayenne Transsyberia.